Élever la barre : les droits de l’enfant au Canada

Ottawa, 21-22 novembre 2018

Organisé par la Coalition canadienne pour les droits des enfants, le forum intitulé ‘Élever la barre : les droits de l’enfant au Canada’ réunit divers acteurs de divers horizons en vue de discuter et partager des priorités, des barrières et des succès pour les droits de l’enfant, et de renforcer les liens du réseau canadien pour faire avancer les droits des jeunes au Canada.

Ce forum se voulait en effet d’abord et avant tout un espace d’échanges, de discussions et de réseautage. Rassemblés tantôt en cercle ou en petits groupes, les participants ont pu se réunir autour de thématiques tant générales que spécifiques pour faire part de leurs expériences et observations, évoquer les difficultés pratiques rencontrées ou encore les succès qu’ils ont su mettre en œuvre. Des présentations d’acteurs issus du milieu de la recherche et du terrain ont permis d’ouvrir des débats concernant des enjeux actuels (plaidoyer, bien être, articles 27 et 42 de la CDE, violences, notion d’âge) pour la jeunesse canadienne. Les participants ont également pu directement dialoguer avec des membres du gouvernement pour faire part de leurs préoccupations, mais aussi de leurs attentes. Axé sur l’ouverture, des sujets de discussions ou de recommandations ont également pu être proposés à l’occasion de l’espace ouvert.

Les différentes méthodes de communication déployées lors du forum ont pu permettre d’établir une véritable structure participative, et d’amorcer des échanges dynamiques de savoirs, de pratiques et d’interrogations. Une autre particularité à souligner de ce forum était la programmation et l’animation assurée par un groupe de jeunes, âgés de 9 à 18 ans, et qui illustre un bel exemple de participation de la jeunesse et de renforcement des capacités du jeune. Leur implication vient en effet briser l’image ‘fragile’, voire ‘vulnérable’ que l’on pourrait se faire des jeunes, et au contraire apprécier leur rôle à titre d’acteurs de changement, de citoyens engagés.

Sur le plan politique, le forum s’inscrit à l’aube du dépôt du 4ème rapport du gouvernement canadien au Comité sur les droits de l’enfant prévu pour 2019, et dans un contexte d’élections fédérales. Ces préoccupations politiques n’ont toutefois pas dominé les conversations du forum, qui ont pour l’ensemble porté sur l’éducation aux droits, la voix de l’enfant, le droit de jouer, la violence faite aux enfants et le système de justice criminel. Trois éléments soulevés lors des nombreuses discussions ont particulièrement attiré notre attention.

En premier lieu, l’insuffisance de l’éducation des jeunes à leurs droits – bien qu’elle reste nécessaire. Différents acteurs de la société civile ont rapporté la nécessité d’outiller le jeune pour qu’il puisse pratiquer ses droits et les répandre. On passe ainsi d’une approche d’inclusion de la voix de l’enfant à travers la consultation, à une approche axée sur l’action et des initiatives organisées par l’enfant. D’ailleurs, si les jeunes savent qu’ils ont des droits (particulièrement lorsqu’ils se retrouvent dans une situation de vulnérabilité ou d’insécurité), ils ne savent pas nécessairement qui consulter, ni où aller pour les réclamer.

En second lieu, on a pu observer qu’un jeune qui connaît ses droits peut susciter une certaine ‘peur’ chez les adultes, notamment par la perte du statut d’autorité qui pourrait être générée. Il apparaît à cet égard difficile d’introduire dans le cursus scolaire l’éducation juridique des jeunes et les ressources pratiques qui leur seraient pertinentes. Il y a ainsi, au niveau de l’école, une certaine réticence à renforcer les capacités juridiques des jeunes (les enfants reçoivent tout de même un cours sur les droits fondamentaux et cela peut certainement varier selon les provinces. Mais cette difficulté semble s’observer dans plusieurs provinces). Les jeunes admettent à cet effet ne pas être suffisamment entendus, ni soutenus en cas de problème à l’école. Ils doivent alors se tourner vers leurs parents ou leurs amis, qui ne sont pas nécessairement outillés non plus.

Finalement, et en troisième lieu, la question de la diversité (raciale, culturelle, enfants trans, enfants en situation de handicap) a été soulevée à plusieurs reprises, et l’on constate l’importance d’une approche intersectionnelle aux droits de l’enfant. Cela suppose une prise de conscience des enjeux identitaires et culturels, où les différents systèmes (système de justice, sociaux, santé, etc.) viennent renforcer les inégalités. On remarque ici un décalage important entre réalité écrite et réalité pratique.

Ce contenu a été mis à jour le 31 janvier 2019 à 13 h 38 min.

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